le décrocheur de lune (max)

Sauvage, enfant-animal, il est né plus con que la moyenne. Beau il avait sur les joues de grosses larmes de crocodile à la naissance, des petits espoirs d’être une créature défaite de toute luxure, un peu comme un fils de Jésus en plus beau. d’ailleurs il s’était fait baptiser Beau, beau il était pas beau comme un soleil. Beau c’était plus un oiseau mais pas un oiseau de proie, il fouinait pas, il essayait même pas, il jouait. sur le stand y a un bel assemblage de couleurs chaudes et froides, le gosse est intrigué - j’ai pas de douceurs sous les doigts, des impatiences c’est tout ce qu’il y a. - donnez-lui des étoiles il les foutra dans ses poches, trop peu habile pour aller s’décrocher la lune, c’est pas un chat sur les toits, c’est une poule qu’a pas encore la trouille des renards, Beau. - j’marche pas bien, sur les vieux pavés j’suis qu’un abominable échangeur de supplices, j’appréhende. - la sueur monte au cou, il ferait tout pour échapper au concours de tartes, lui. j’irai pas m’décrocher la lune, il s’répète, une main derrière le dos.

Max, Max, Max, serais-tu la belle menace ?

C'est le jour des tartes aux myrtilles et ce matin, il en a vendu des myrtilles, des bios, des moins bios, mais que du local, parce que c'est sa marque de fabrique. Pas d'industriel dans son épicerie. Il est entrain de rendre la monnaie à une cliente, une touriste à l'accent chantant, qui lui achète de la moutarde et une belle barquette de fruits rouges, elle est contente, elle sourit, elle lui dit comme c'est charmant, comme c'est bucolique par ici, et alors qu'il referme la caisse il le voit, adolescent furtif, qui serait presque passé inaperçu, mais non, c'est trop gros. Maxence passe derrière le stand, presse le pas, et il l'attrape par le col de son t-shirt " C'est que t'as des goûts de luxe, en plus, " lui dit-il, en lui prenant la bouteille de vin des mains. C'est pas la bouteille la moins chère qu'il propose sur son stand, c'est pour ceux qui ont un peu de palet, ceux qui aiment les bonnes choses. Le gamin ça a l'air d'être son cas, " Vient voir, " et il le tire calmement par le coude, pour retourner au stand, il est tout seul à le gérer, il peut pas le laisser sans surveillance. " Suffit de demander, si t'en veux... T'sais ? " il lui tend un verre, se penche pour chercher une bouteille fraîche, déjà ouverte, et il verse le breuvage doré dans le verre du gosse.

Y a la bouteille qui roule entre ses mains de sale gosse, Papa serait fier tiens, quelques stands plus loin occupé avec son fromage de chèvre, celui qu’est tant précieux, qui refera le monde et les palais. Bien sûr, il expire et puis se fige (mais juste un peu) quand on s’pose sur lui avec deux yeux bien calmes. C’est lui le chef de la meute, lui l’imposant loup solitaire retranché derrière ses belles bouteilles et de bons fruits bien mûrs, il a toute la carrure, tous les traits compliqués du visage. Il a ce qu’il faut pense Beau. « Quoi, non mais c’est pas c’que vous croyez. » C’est ce qu’il croit, il allait courir dans les fumées, dépasser les près et s’saouler jusqu’au lendemain. Il y avait que ça qui marchait avec le sale gosse; après on pouvait l’appeler par tous les noms, on pouvait le délaisser ou même le dépecer. Tant qu’il était un peu Dionysos, un peu grand, un peu instable ça lui allait. « Ouais c’une belle bouteille mais j’suis pas un voleur. » C’est un voleur, une main délicate versée dans le vice comme une bonne bouteille qui s’ouvre à toutes les dames douces de sa ville - sa campagne. -

Maxence lève les yeux au ciel, c'est pas le premier gosse qu'il attrape la main dans le sac, n'empêche que celui-ci, il a pas 6 ans et c'est pas avec quelques bonbons dans la poche qu'il a essayé de se tirer, mais avec une bouteille de vin. Il est ptete même pas majeur. Il le connait, il l'a déjà vu, et il connaît ses parents, il est pas dupe, et même si Maxence il aime pas trop croire ce qu'on raconte, le gosse lui confirme les ragots qu'on peut entendre. Sale gosse hein? Oui, mais Maxence il en connait des sales gosses, il sait qu'il faut pas se fier aux apparences, la plupart du temps, ils ont juste besoin d'attention, ou qu'on leur explique les choses. " Tiens, " lui dit-il en insistant pour qu'il prenne le verre, " Attend avant de goûter, fait le tourner d'abord, et sent, et après tu goûtes, tu vas voir... " il attend, il le regarde, il lui laisse pas vraiment le choix, son ton est volontairement un peu autoritaire, mais pas tant, il l'observe avec bienveillance. " Alors ? "

Les sales gosses veulent partir en courant, souvent avec des ailes dix fois trop petites, le manque d’air dans les poumons. Eux ils ont tout, tout pour exploser. Beau lève les yeux sur le verre, le prend nerveusement le bout de ses doigts sur le pied, la danse du breuvage se fait hésitante, un peu bancale (comme lui) il y glisse les lèvres, prend une trop grosse gorgée. « C’est... parfumé » qu’il lui dit, déglutissant. Sale gosse a pas les pieds bien dans ses baskets, il est au dessus du monde comme une comète ratée qui ne veut pas s’en aller. Beau c’est le prénom des dégâts humains après une naissance, il a le goût du vin qui lui prend la bouche, veut pas vraiment se reculer parce que le type en face au final, il connait bien sa tête et il l’aime bien, c’est un bon gars. Il sait pas pourquoi il fait tout ça, peut être parce qu’il se cherche de quoi s’lever du sol un instant - mais la bière c’est trop cher et ici le raisin est presque saint. - Alors Beau, il en profite. « Il est vraiment bien vot’ vin M’sieur. »

L'adolescent obéi, il essaye, il fait maladroitement tourner le liquide au fond du verre puis il gobe une gorgée. Maxence ça le fait presque rire mais il se retient, il se contente de sourire, l'air vraiment amusé par ce qu'il voit. C'est parfumé, qu'il lui dit, le gosse Lorgeoux. Ca fait légèrement rire Maxence et il hoche la tête, bah oui que c'est parfumé, c'est pas de la piquette de supermarché ça. Maxence lui reprend le verre et il le vide dans une petit seau ou déjà pas mal de verres ont été vidés. Quand on goutte on ne finit pas toujours son verre, on crache, on jette, faut garder le palet pour le suivant. Alors il lui en sert un autre, un pétillant cette fois. Un joli crémant qui mousse, juste un fond. C'est doré on dirait des étoiles qui essayent de se sauver du verre. " Quel âge ça te fait, maintenant ? T'es bien le fils Lorgeoux, hein? " il connait la réponse, mais il lui demande quand même. Par politesse, histoire de faire la conversation. " Pourquoi est-ce que t'aides pas ton père sur le stand ? Tu pourrais gagner un peu d'argent et te payer tes propres bouteilles, au lieu de jouer les chapardeurs, " il le taquine un peu, c'est pas bien méchant.

La lune les regarde des très loin sur son escabeau. Pendant c’temps le petit Lorgeoux a fait du chemin; il est tombé, il s’est relevé avec ses genoux ecorchés, il a couru vers Papa, vers Maman et une fois que ça a été le chaos, il s’est éloigné, de Papa, de Maman, il a eu les genoux écorchés, il s’est levé, il est retombé. Et la lune dans tout ça ? La lune l’a quand même suivi, à travers les rues il vérifiait sur son vélo, elle qui courait encore à côté de lui, prête à lui sauter à la gorge à la moindre erreur. Aujourd’hui il s’demande si Papa devrait être au courant de ses échappées pas belles, du bruit que ça fait dans sa tête quand le Cazal lui parle doucement sous le poids de la belle journée. « Dix-sept M’sieur. Moi c’est Beau. » Son prénom roule toujours trop vite, ça depuis le début parce qu’il lui on choisi de quoi se supporter en se regardant dans le miroir et peut être bien qu’ils auraient pas dû les Lorgeoux. Beau il fixe le verre, il le prend à nouveau, goûte, fait une grimace « Wow » qu’il dit « ça plaisante pas. » Il a un regard au loin, puis un autre pour le Cazal. « Mon père et moi on est pas en super termes. »

Dix-sept ans à peine, même pas majeur, un prénom court qu'il a l'air de porter comme un vêtement trop grand, il flotte un peu dedans. Maxence hoche la tête, il l'observe avec un sourire, il attend qu'il goûte ce nouveau breuvage et ça le fait sourire un peu plus de voir la réaction du gamin quand il sent les bulles et cette explosion d'arômes dans la bouche. C'est ça le pouvoir du vin, ça vous réveille n'importe qui, ça peut redonner le sourire, surprendre, ça a quelque chose de beau tellement c'est bon. Il hoche encore la tête, puis Beau lui avoue qu'il est pas en très bons termes avec son paternel, ça lui décroche une petite moue mais pas non plus de quoi trop l’émouvoir, à cet âge là, c'est fréquent les querelles avec les parents. " T'es en vacances là, en ce moment, non ? Si tu veux j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider le soir, ça te fera de l'argent de poche et si tu bosses bien tu pourras même repartir avec une de ces bouteilles, " il lui montre d'un bref mouvement de menton, " T'es pas obligé de décider tout de suite, passe demain soir vers 19h si ça te tente... Puis si tu viens pas je saurais que ça t'intéresse pas. "

A son âge tout s’pend du plafond comme une aventure interstellaire en papier, les gens sont pas encore réels; ils disent pas assez. Oh ils existent un peu mais pas en entier, pour Beau, ils sont à moitié factice, le Cazal y compris. Il a un grand sourire accroché à la figure et de grandes bouteilles pleines du cru des années passées, alors il a touché un poil au bonheur - du moins à celui de leur campagne qui se défait vraiment jamais - puis dans le même temps lui c’est le gosse un peu tempête qui remue sous son nez. Beau il s’dit que si ça se trouve il se sent obligé d’être sympa par charité, si ça se trouve Papa lui fait pitié. Puis il pense au divorce et à tout ce que ça veut dire; deux maisons peut être deux Papas, c’est pas génial, il a pas trop envie. Maxence il lui donne une chance de s’enfuir, Beau il veut la saisir. Il hoche la tête vivement. « T’es bizarre tu sais. » Beau il le fixe avec ses grands yeux d’enfant. « Pourquoi tu m’proposes du taff ? »

Maxence il est facilement sympathique avec tout le monde, il a jamais été trop méfiant, c'est pas pour autant qu'il est naïf, son père lui a toujours dit de faire attention à pas être pris pour un con, mais quand même, Maxence il peut dire qu'il a eu la chance de vivre dans un environnement plutôt sain, avec une famille aimante et toujours de belles tablées avec pleins de choses à manger. Il a jamais manqué de rien. Ca l'a pas rendu arrogant, au contraire, il a envie de partager. Il croit un bêtement que tout le monde peut être heureux, que ça nécessite juste un peu d'huile de coude. Facile à dire quand on est Maxence Cazeaux. Forcément. Mais ce n'est ni à prendre pour de la charité, ni pour de la pitié, c'est sincère, il a de la sympathie pour ce gosse. Ca le fait marrer qu'il le trouve bizarre, et Maxence hausse les épaules, " T'as presque réussi à t'enfuir sans que je te vois avec la bouteille sous le bras, tu dois pas être plus con qu'un autre... " ça lui suffit, il a besoin d'un saisonnier qui a un minimum de jugeote, ce gars là à l'air de rentrer dans les critères. " Ca te suffit comme réponse? "

Beau il aura pas la délicatesse de la plupart des travailleurs, ce sera fouillis, ce sera bordel et illusion d’optique sur illusion d’optique, il est bancal, sinon banal, Beau. Il a les maladresses de la plupart des gars de son âge (la preuve il tombe dans les trous du cimetière, il aime bien compromettre les services faut croire). Il sera dans les fils pas parfaits qui font le tour du village pour pas affronter la réalité, peu importe ce qu’elle est, histoire de pas la regarder en face. Lui il veut ses libertés mais pas trop, il veut regarder quelqu’un dans les yeux sans flancher comme le Cazal, il veut plein de choses qui pour l’instant sont hors de sa portée, juste parce que c’est un trouillard. Il le regarde intrigué un moment, il hoche la tête cela dit, il a pas grand chose à ajouter, c’est une espèce de fusée qui vient de lui tomber dessus; on lui propose une nouvelle planète. « J’veux même bien vous prévenir si y a des trucs pas net » Vouvoiement, tutoiement, il alterne. C’bien un truc de gamin ça.

Beau, il a l'air plutôt partant finalement, il hoche la tête, et ce qu'il dit a le don de faire rire Maxence à nouveau, il opine du chef, un sourire sur les lèvres et il donne une tape amicale sur l'épaule de Beau " On verra ouais, mais tu peux continuer à me vouvoyer hein, j'suis pas si vieux que ça, j'ai pas encore l'âge de ton père, " il lui fait en jetant un bref coup d'oeil vers le stand du paternel, on le voit à peine avec tout le monde qui se traîne sur la place, mais si on tend l'oreille, on peut presque l'entendre parler de ses beaux fromages. " Je m'appelle Maxence, pour ton information, " il se présente quand même, faut bien, il est pas habitué à avoir une relation hiérarchique avec ses employés, en même temps sa seule employée et une fille qu'il connait très bien, alors la question ne s'est jamais trop posé. " Tu t'es fait offrir une part de tarte aux myrtilles ? "

Lui c’est le gosse comète, il ira pas bien loin mais tout ira très vite et d’un coup, ça c’est sûr. Maxence, il le répète à demi-mot et puis se tourne dans la même direction que celui-ci; C’est pas qu’il est pas fier de Papa, c’est que plus rien l’atteint dernièrement, surtout pas ses gosses. Même Elsa qu’est la petite préférée ça passe pas et à force, Beau voulait plus forcer. Beau il sourit à sa question, c’est vrai que y avait encore cette tradition un peu mielleuse, celle qui venait caresser les joues des filles (et secrètement des garçons). Beau il avait pas l’habitude, il s’intéressait ni franchement aux myrtilles ni franchement aux filles, mais ça mettait un peu d’couleurs dans cette journée spéciale et au fond, tout ce qui était spécial pour Papa était spécial pour Beau. « Figure-toi que non, Maxence. » Il jouait sur les syllabes pour bien signifier qu’il avait retenu l’information. « Mais ça ne saurait tarder. Non, sérieux, j'attends Agathe. » Agathe, grouille-toi.

Maxence il avait pas reçu de part aujourd'hui, pas encore en tout cas, il pouvait se targuer d'avoir reçu chaque année une part, mais pas toujours comme il l'aurait souhaité, parce qu'il s'en est déjà pris quelques unes dans la gueule de part des filles pas super contentes. C'était quand il était plus jeune, mais ça le fait sourire d'y repenser, et il en a aussi reçu de ses soeurs, alors ça comptait pas trop... Mais bref, tous les ans, il y avait droit, et il aimait bien cette petite tradition. Beau lui confia que pour l'instant il n'en avait pas reçu, mais que ça ne saurait tarder, et Maxence arqua un sourcil avec curiosité. Agathe. C'est donc elle l'heureuse élue dont il attend une part de tarte ? Maxence, il a tellement attendu qu'Aurore le fasse, ça le tuait chaque année de jamais la voir venir, même par amitié, elle l'a jamais fait. " Tu peux t'éclipser si tu veux attendre ta Agathe ailleurs, je comprendrais, tiens, emmène ça, " il lui tend la bouteille déjà entamée de crémant, il en reste la moitié, ça suffit pour deux petits jeunes qui veulent boire un ou deux verres. De toute façon, Max il va plus rien en faire, autant qu'elle serve. " Demain, 19h, je compte sur toi.

Un jour il aura peut être quelque chose entre les mains qui sera à lui, devant ses yeux interrogateurs, Maxence a dû comprendre qu’Agathe était pas vraiment sa Agathe, c’était plus l’agate, le bout d’enfance encore brut qui se réveille au milieu des tombes, une fille parmi toutes les filles (et tous les garçons aussi) avec sa part de tarte - quelque part. - « J’vais… essayer de la trouver, oui. Je serai là, juste peut être à la bourre parce que ‘voyez j’suis pas doué. » Maxence a beau ne pas être aussi vieux que Papa, Beau lui donne un peu d’respect, de quoi s’assurer d’être convenable autour de lui (parce que dernièrement il a été voyou). Il lui dit « et vous, votre tarte ? » c’est une façon de dire, et vous y a quelqu’un que vous attendez ? Il s'dit pas qu'il aura droit à un miracle, 'savez le miracle que la plupart veulent ce jour là, celui qu'a un goût de myrtille, c’est pas vraiment qu’il attend c’est qu’il s’fait toujours des films - dix-sept ans et y a une bonne ribambelle de scénarios déjà exécutés. - J’voudrais savoir M’sieur, vous êtes heureux ?

Maxence hoche la tête, il pourra tolérer quelques minutes de retard, c'est probablement pas ça qui va le tuer. Au contraire. Il est même assez enthousiaste à l'idée que ce gosse vienne apporter un peu de fraîcheur à la boutique. La jeunesse ça ramène toujours un truc en plus, un peu d'audace et de spontanéité, on en manque plus on vieillit. Il est un peu surpris par la question que lui retourne Beau, il lui demande et vous, votre votre tarte ? Mais en fait il a plus l'impression que ça cache une autre question, en filigrane, il lui demande s'il y a une fille quelque part qui l'attend... Qu'il attend. Max sourit mollement, c'est plus une moue qu'un vrai sourire et il hausse les épaules, " Oh tu sais.... " il baisse un instant les yeux, les relève pour balayer la foule du regard avant de regarder Beau. Oui, pendant une seconde il l'a cherché, là, quelque part parmi les gens. " ...Elle est assez décevante, mais c'est comme ça... " il croise les bras, offre des sourires et des bonjours aimables aux passagers devant son stand. " On choisit pas toujours. "

Bientôt les stands vont s’vider et le goût des tartes sera un souvenir ou doux ou acre dans leurs bouches à tous, ensuite ils iront danser sur la place avec leurs impatiences de gosses - dans leur campagne qui brille sous les étoiles de juillet - les tartes auront toutes une place dans les estomacs, qu’elle soit voulu ou non. Et puis y en a qui repartiront avec sous le bras une cavalière un peu éméchée, ou un peu plus vraie que nature, qui se remue dans tous les sens avec son amour provisoire pour vous. Mais Beau il sait pas trop comment ça marche entre grandes personnes, si on attend vraiment une part tout la journée - il pense qu’on continue, il pense qu’on s’obstine même avec le temps qui passe et l’âge qui défile sur le compteur. - Et Maxence ? Il a soudain plus l’air d’avoir des ailes mais une armure solide sur les épaules, c’est un soldat sentimental, si ça s’trouve il veut - embrasser des étoiles, ce soir. - « Décevante ? » Mais allez p’tit, c’est pas tes affaires, dégage de là. Pourquoi il reste ?

La tarte, quand elle vient d'une autre que celle espérée, elle est bonne mais elle a un arrière goût de déception, un goût amer, même si depuis le temps, Maxence il essaye de plus trop y penser d'apprécier chaque nouvelle part qu'on lui offre. L'indiscrétion enfantine de Beau le fait franchement sourire, et il se demande ce que le gosse fait encore là à lui poser des questions sur sa vie sentimentale alors qu'il devrait aller rejoindre sa petite Agathe qui doit le chercher quelque part avec une belle tranche de gâteau aux myrtilles. Mais il reste là, curieux. " Tu verras quand tu te prendras la première en pleine tronche, " lui souffle-t-il, un sourire amusé sur les lèvres. Il revoit cette fille, il n'était pas plus vieux que Beau, elle était arrivée comme une furie, elle avait explosé en Maaaxence, c'est quoi cette histoire? TU TE FOUS DE MA GUEULE? Et bam. Elle lui avait éclaté une belle part de tarte sur le visage. Et elle avait percé la foule pour quitter tout ce beau monde avec fureur, mais classe. " Enfin, j'espère que ça t'arrivera pas, ça voudra dire que t'auras été un sacré con, " et les cons, les filles elles aiment pas trop ça.

C’goût il espère qu’il y aura pas droit de suite, celui qui pique sur la fin et qui fait reculer dans les sentiers battus. « Ah ouais… » Les délicatesses des gosses c’est inexistant, ou alors ça s’fait dans des silences mais en général, ils se déçoivent perpétuellement parce que c’est dans leur nature; la part de tarte elle finit dans ta gueule, c’est plus fort que tout - c’est une question de gravité émotionnelle, il avait dû sacrément merder le Cazal. - Il voudrait bien lui dire qu’Agathe c’est plus une créature bizarre sur sa route mais il aurait peur d’tout foutre en l’air (enfin le peu qu’il y a à foutre en l’air), qu’au fond c’est plus une de ces gosses terribles qu’il a l’impression de pouvoir attraper (et au pire il s’prendra une tarte mais ça c’est au pire) « Bah alors, vous êtes pas fort en amour M’sieur Maxence ? »